240916 - MUS QZD - « UN LIEU À SOI » - ACTESIX - QUATRE SIÈCLES DE MUSIQUE ANGLAISE

 





240916 - MUS QZD - « UN LIEU À SOI » - ACTESIX  - QUATRE SIÈCLES DE MUSIQUE ANGLAISE







UN LIEU À SOI

« Quatre siècles de musique en Angleterre »

Maïlys de Villoutreys (soprano), Anaïs Bertrand, Lucile Richardot (mezzo-soprano),Hélène Desaint (alto), Julie Desaint, Etienne Floutier (violes de gambe) Clara-Izambert-Jarry (harpe), Ronan Khalil (virginal), Adam Laloum, Alexis Gournel (piano).

Oktav Records





TECHNIQUE : 4,5/5

Enregistré par Aline Blondiau à la Ferme de Villefavard (France) et à la Chapelle Reine Elizabeth (Belgique) en avril et septembre 2023. Malgré des lieux différents et une grande variété dans la combinaison des timbres, l'image sonore présente une belle unité, avec une captation particulièrement réussie du trio vocal féminin.





Une promenade de deux heures à travers quatre siècles de musique anglaise, depuis le XVII° siècle jusqu'à nos jours : l'ambition est grande, le résultat superbe. D'abord par la variété des compositeurs, qui sont pour beaucoup des compositrices. Ainsi à côté des Quilter, Purcell, Britten, Bridge, Blow, Elgar, Hume, Playford, voici Ethel Smyth, Rebecca Clarke, Imogen Holst, Cheryl Frances-Hood, Phyllis Tate, Thea Musgrave, Mary Dering, Ina Boyle. En quatre temps, le programme conçu par Samuel Hengebaert suit le rythme des saisons (de l'hiver à l'été), conférant à la nature une place éminente. Il alterne pièces instrumentales, mélodies avec piano ou avec cordes (comme pour les délicates mélodies irlandaises de Rebecca Clarke), ou dévolues aux seules voix (comme l'admirable trio Golden Slumbers de Franck Bridge). Et, cependant, une cohérence d'esprit et de sentiment infuse le parcours, comme une secrète unité faite de contemplation et de douce mélancolie, sans les âpretés du lied ni les chantournements de la mélodie française. Les Anglais eux-mêmes sourient de ce patrimoine musical qui sent le foin et la pluie, mais les charmes en sont si inépuisables que la prose irisée de Virginia Woolf, figure tutélaire de cet album – l'anthologie emprunte son titre à son manifeste féministe publié en 1929. Le fil historique n'en est jamais rompu : une même vibration intime relie Mary Dering (1629-1704) à Benjamin Britten (1913-1976).

C'est peu dire que les interprètes sont préparés. Les chanteuses sont d'un scrupule linguistique d'autant plus impressionnant que la langue change évidemment à travers les siècles, sa prononciation aussi, sans parler des styles divers qui en commandent l'émission. Le défi est relevé et gagné par Maïlys de Villoutrey, Anaïs Bertrand et Lucile Richardot. La partie n'est pas plus aisée pour les instrumentistes, souvent confrontés aux réminiscences de la musique folklorique – ce qui appelle un travail particulier sur le son et le phrasé – où à un impressionnisme subtil qui jamais ici ne devient émollient. La prise de son, profonde et précise, achève de faire de ce disque davantage qu'un récital : une expérience.

Sylvain Fort




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