240915 - MUS QZD - GRIEG - AU TEMPS DE HOLBERG - ANDREY GUGNIN

 





240915 - MUS QZD - GRIEG - AU TEMPS DE HOLBERG - ANDREY GUGNIN







EDWARD GRIEG

1843-1907

« Au temps de Holberg. Ballade. Pièces lyriques. »

Andrey Gugnin (piano)

Hyperion.

GRIEG – Au temps de Holberg op. 40

GRIEG – Pièces lyriques op. 43 et op. 62

GRIAG – Ballade en forme de variations sur une mélodie norvégienne op. 24




TECHNIQUE : 4,5/5

Enregistré à St Silas the Martyr, Kentish Town, à Londres, en mai 2023 par Ben Cornellan. Une réverbération longue et fournie enveloppe le piano Bechstein tout en préservant la définition de ses contours et de ses attaques.





Le mélange de souffle et de délicatesse qui saisit dès le Præludium de la Suite Au temps de Holberg signe la sensibilité d'Andrey Gugnin, qui détaille ensuite amoureusement la Sarabande et habite chaque recoin de ses phrasés. Sous de tels doigts, l'original pianistique de cet hommage rendu par Grieg à son concitoyen du XVIII° siècle (dramaturge né comme lui à Bergen dans une Norvège alors sous la coupe du Danemark) n'a pas à rougir en regard de sa transcription (postérieure) pour orchestre à cordes, forme sous laquelle s'est imposée cette partition au charme fou. L'Air mêle avec plus de bonheur qu'Oppitz (RCA) l'expression la plus pure et l'assise sonore la plus solide.

Tout aussi délicieux apparaissent les Livres III et VII des Pièces lyriques : dans ces miniatures éminemment intimistes, Grieg a démontré l'étendue de son génie. Le jeu introspectif de Gugnin fait merveille dans ces paysages immobiles, traversés de rythmes indolents ou vigoureux. Le raffinement s'y exprime admirablement, que ce soit dans cette envoûtante Vision (Opus 62 n°5), ce Ruisseau cristallin où se mire le soleil (Opus 62 n°4), ou encore ce Voyageur solitaire qui sait se contenter de peu (Opus 43 n°2). La finesse de trait mise au Papillon (Opus 43 n°1) ou à l'impatient Oisillon est d'un véritable artiste.

De sa Ballade, Grieg disait qu'il l'avait « écrite avec [son] âme à une époque de chagrin et de désespoir ». En nous faisant ressentir ce poids émotionnel, l'exécution à la fois digne et profonde du pianiste russe rejoint la réussite d'Andnes (Warner). Quelle beauté désolée dans cette Variation VIII, qui avance telle une douloureuse procession solennelle ! L'ampleur orchestrale et la férocité que Gugnin confère aux trois dernières ne sont pas moins étonnantes, rendant par contraste le retour du thème, comme engourdi, particulièrement prenant. Un superbe Bechstein et une captation de haut vol achèvent de faire de cet album Grieg l'un des plus habités de ces dernières années.

Bernard Boissard




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