240806 - MUS QZD - PUTS - THE HOURS - SOLISTES, CHŒUR ET ORCHESTRE DU METROPOLITAN OPERA, YANNICK NÉZET-SEGUIN

 

	240806 - MUS QZD - PUTS - THE HOURS - SOLISTES, CHŒUR ET ORCHESTRE DU METROPOLITAN OPERA, YANNICK NÉZET-SEGUIN
		KEVIN PUTS Né en 1972 « The Hours » Renée Fleming (Clarissa Vaugham), Joyce DiDonato (Virginia Woolf), Kelli O'Hara (Laura Brown), Sean Pannikar (Leonard Woolf), Kyle Kzetelsen (Richard), Denyce Graves (Sally), Chœur et Orchestre du Metropolitan Opera, Yannick Nézet-Seguin. Erato (2CD). TECHNIQUE :3,5/5 PUTS – The Hours
	The Hours, c'est d'abord un roman de l'Américain Michael Cunnigham (1995), puis un film réalisé par Stephen Daldry (2003), enfin un opéra créé en concert en 2022 à Philadelphie et quelques mois plus tard sur la scène du Met de New-York – avec un tel succès qu'une reprise a suivi dès ce printemps 2024. Kevin Puts, il est vrai, n'en est pas à son coup d'essai : The Hours est son quatrième ouvrage lyrique (Silent Nignt, le premier, inspiré du film français Joyeux Noël, est paru chez Naxos, cf. n°709). L'action de The Hours enchevêtre les destins de trois femmes vivant en des lieux et à des époques différentes. Il y a Virginie Woolf, qui dans l'Angleterre des années 1820 travaille à son chef-d'œuvre Mrs Dalloway ; Laura, étouffant dans son rôle d'épouse modèle à Los Angeles dans la décennie 1950 ; l'éditrice new-yorkaise Clarissa, qui à la toute fin du XX° siècle vit en couple lesbien avec Sally tout en veillant sur son ancien compagnon Richard, atteint du Sida. Ce qui lie ces personnages ? Mrs Dalloway, justement (dont le titre faillit être The Hours). Il n'était pas aisé de porter à la scène ces incessants allers-retours spatio-temporels. Kevin Puts et son librettiste Greg Pierce y parviennent en assignant au chœur, très sollicité, un rôle de narrateur et de commentateur, comme dans la tragédie antique. L'écriture vocale, ample et généreuse, respecte la prosodie tout en ménageant de vastes monologues, des duos, des ensembles, tel ce grand concerto qui clôt l'acte I et sur lequel s'accumulent de noirs nuages. L'orchestration, toujours consonante, paie son tribut à l'aîné John Adams, avec moins de complexité certes, hérissée de nombreuses figures d'ostinatos dont Nézet-Seguin tend les lignes à l'envi. L'atmosphère générale se teinte de mélancolie, avant de verser dans le drame lorsque Clarissa tente- en vain – d'empêcher Richard de se défenestrer, au cours d'une scène qui serre la gorge. Après un ultime rebondissement, l'opéra s'achève par un trio de dames dont le lyrisme éperdu n'a d'équivalent, dans le répertoire, que celui sur lequel se referme Le Chevalier à la rose – excusez du peu. Pour succéder à Meryl Steep, Julianne Moore et Nicole Kidman, les héroïnes du film, il fallait trois divas de classe internationale. Renée Fleming et Joyce DoDinato se montrent égales à leur légende : parfaites et bouleversantes. Elles sont rejointes sur les cimes par Kelli O'Hara qui fait briller son soprano blond platine et baigné de larmes. L'ensemble du cast, d'ailleurs, se couvre de gloire, que ce soit le ténor Sean Pannikar en mari bienveillant de Virginia Woolf, le baryton Kyle Ketelsen qui incarne Richard, ou les nombreux petits rôles parfaitement distribués. Hélas ! L'éditeur de cette version audio a omis de publier un livret (il faut se contenter d'un synopsis en anglais). Pour découvrir The Hours, mieux vaut donc se tourner vers la captation vidéo disponible sur la plate-forme Met Opera on Demand. Il vous en coûtera seulement 4,99 dollars, avec en prime le spectacle d'une absolue loyauté signé Phelim McDermott, et surtout des sous-titres français pour ne rien perdre des subtilités de ce jeune et incontestable chef-d'œuvre. Emmanuel Dupuy