240728 - MUS QZD - « QUATUOR ARTEMIS - THE COMPLETE RECORDING 1996-2018 »

 





240728 - MUS QZD - « QUATUOR ARTEMIS - THE COMPLETE RECORDING 1996-2018 »




« Artemis Quartet, The Complete Recordings

1996-2018 ». Erato, 23 CD. Diapason d'or.




RÉÉDITIONS


La Saga des Artemis


Un coffret Erato de 23 CD regroupe tout ce que le quatuor à cordes allemand a gravé pour Ars Musici en 1996 puis pour Virgin et Emi jusqu'en 2018. Une précieuse somme qui séduit par sa fraîche et revigorante splendeur.









En à peine plus d'un quart de siècle, les Artemis auront profondément marqué l'histoire du genre, réalisant une synthèse unique entre l'héritage des grands aînés et un jeu plus collégial. Fondée en 1989 sous l'impulsion de Walter Levin, ancien premier violon du Quatuor LaSalle, par quatre jeunes instrumentistes de la Musikhochschule de Lübeck, la formation réunit pour ses premiers enregistrements (1996) les violonistes Natalia Prischepenko et Heime Müller, l'altiste Volker Jacobsen et le violoncelliste Edckart Runge. En 2007, Müller et Jacobsen quittent le quatuor, remplacés par Georg Sigl et Friedemann Weigle, ancien altiste des Petersen. En 2012, Natalia Prischepenko est remplacée par Vineta Sareika. Tragédie en 2015 : Weigle met fin à ses jours. Sigl passe à l'alto, remplacé au second violon par Anthea Kreiston, puis par Suyoen Kim. Le quatuor ne survivra que quelques mois au départ d'Eckart Runge, dernier membre fondateur en 2019.

Un quatuor de notre temps

Au disque, l'aventure des Artemis débute pour Ars Musici, et se poursuit chez Virgin et Emi. Ce qui frappe d'emblée à l'écoute de cette somme, au-delà de la force avec laquelle le quatuor a surmonté les bouleversements, c'est une étonnante continuité dans son approche stylistique et ses conceptions. Formés une année durant à Vienne auprès du Quatuor Alban Berg avant de se fixer en 1999 à Berlin puis de parcourir le monde, les Artemis se sont attachés à concilier, voire fusionner, plusieurs filiations très différentes. La viennoise bien sûr, même si leur sonorité d'ensemble n'a pas le cachet de celle de leurs mentors. Mais aussi l'extrême rigueur et la parfaite virtuosité des meilleurs quatuors nord-américains (Juilliard, LaSalle, Cleveland, Guarneri, entre autres). Le tout magnifié, dynamisé par une précision d'archet qui ne vient qu'aux quatuors de grande maturité, après des décennies de travail

Ce jeu intense, passionné, impeccable, s'accompagne d'une fraîcheur juvénile, d'un enthousiasme qui réanime littéralement les œuvres et évoque, pour beaucoup, les qualités propres aux Alban Berg à leurs débuts. L'envol et le triomphe du Quatuor Artemis ont chronologiquement coïncidé avec ceux du disque compact et de l'enregistrement numérique, lui conférant une aura supplémentaire de modernité.

Beethoven est au cœur du répertoire des Artémis, qui ont pris leur temps pour graver une intégrale. Un cycle que d'aucuns jugent d'un intérêt majeur, mais qui pour d'autres pêche par trop de violence dans les attaques et les contrastes, trop de nervosité dans le jeu d'archet, trop de tensions dans les phrasés et l'articulation.

Fougue et exigence

Pourtant, lumineux, transparents, profonds, les trois « Rouzoumovsky » et certains des derniers (notamment les n° 12 et 15) sont autant d'éclatantes réussites où les quatre instruments semblent parler d'une seule voix. Ailleurs, que ce soit à l'orée (Berg, Schönberg, Webern, Zemlinsky, Janacek, Ligeti) ou plus avant dans leur émouvante trajectoire (derniers quatuors et Quintette en ut de Schubert avec Truls Mork, quintettes avec piano de Schumann et Brahms avec Leif Ove Andsnes, de Chostakovitch avec Elizabeth Leonskaja, Quatuors n°1 et 3 de Brahms, n° 5 et 7 de Chostakovitch), les Artemis clarifient, cisèlent les textures les plus complexes. Ils les illuminent de l'intérieur, usant d'inflexions personnelles dont il ne faudrait pas exagérer le caractère « révolutionnaire ». Car leur radicalité est-elle, au fond, si éloignée de l'ascèse décapante d'illustres prédécesseurs (Capet, Calvet, Busch, Budapest) ?

Patrick Szernovicz




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