240616 - MUS QZD - ENESCO - SYMPHONIES 1, 2 & 3 ET RHAPSODIES ROUMAINES - ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE, CRISTIAN MACELARU

 





240616 - MUS QZD - ENESCO - SYMPHONIES 1, 2 & 3 ET RHAPSODIES ROUMAINES - ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE, CRISTIAN MACELA-RU





GEORGES ENESCO

1881-1955

« Symphonies 1 - 3 »

Chœur de Radi France, Orchestre national de France, Cristian Macelaru

DG.

ENESCO – Symphonie n°1

ENESCO – Symphonie n°2

ENESCO – Symphonie n°3

ENESCO – Rhapsodies roumaines




TECHNIQUE : 4/5

Enregistré à l'Auditorium de Radio France en 2022 et 2023 par les équipes de Radio France. L'orchestre résonne avec une chaleur enveloppante et offre des textures rondes et douces. Image ample et définie.





Depuis la Rhapsodie roumaine n°1 (1901), gorgée de couleurs et de ryhtmes populaires qui ont fait son succès, immédiat et foudroyant, jusqu'à la Symphonie n°3 (1916-1918), vaste cheminement spirituel sans cesse remis sur le métier et publié seulement après la mort du compositeur, voilà un portrait de Georges Enesco aussi abouti qu'attachant. L'enfant prodige a sept ans quand il quitte sa Moldavie natale pour Vienne, où il étudie le violon avec Hellmesberger et la composition avec Fuchs. En 1894, le « Mozart roumain » intègre le conservatoire de Paris où il a pour professeur Massenet – remplacé assez rapidement par Fauré – et Marsick. Le paysage musical de son enfance infuse dans les Rhapsodies, la seconde s'avérant aussi interrogative que la première est extravertie. Les trois symphonies qu'il a pu achever dévoilent un langage généreux jusqu'à l'exubérance, dont la richesse polyphonique, le fort dynamisme intérieur fusionnent influences germaniques (Brahms, Wagner, Strauss) et française (de Saint-Saëns à Ravel ...), voire russes (Rimski-Korsakov, Scriabine) dans une palette volontiers étincelante.

La Symphonie n°1 (1905) nous livre un autoportrait où Enesco, tel son aîné Magnard, se dresse contre l'adversité (le Fatum dans le mouvement central). La lumière qui éclate dans les dernières mesures du finale, Vif et vigoureux, proclame sa victoire. Plus vaste, la Symphonie n°2, commencée en 1912, est achevée en 1914 – d'où peut-être le finale qui tranche avec le reste de l'œuvre. Solaire, le premier mouvement convoque le Mendelssohn de l' « Italienne » et le Strauss de Don Juan. Un thème radieux s'affirme, qui se dissout ensuite dans le mouvement central, empli de mystères et de voluptés, assez proche de l'univers d'un Roussel. Une rumeur guerrière toujours plus menaçante et destructrice envahit le finale. Soudain (Allegro vivace), fédérée par le thème radieux du premier mouvement, une force nouvelle s'élève, colorée d'accents populaires, et disperse les ténèbres.

Moderato un poco maestroso sur lequel plane le souvenir de Brahms, le premier mouvement de la Symphonie n°3 (1916-1918) alterne épisodes méditatifs, à la texture plus chambriste, et élans lyriques voire héroïques. Le suivant, un scherzo grimaçant, mobilise un éventail exotique de percussions, avec celesta et piano. Le finale, Lente ma non troppo, aspire à la sérénité, avec des envolées extatiques que prolongent chœur et orgue.

Ayant retrouvé chez les musiciens du National les caractéristiques de jeu très françaises qu'Enesco avait tenté de « capturer » à travers mille indications, Cristian Macelaru tenait donc la phalange rêvée « pour faire revivre les idées musicales » d'Enesco, son « héros personnel ». Leur lecture, très sentie, équilibrant le maillage d'influences et de clins d'œil, lui donne mille fois raison. Dans une palette plus large et plus dense que le Philharmonique de Monte-Carlo chez Lawrence Foster (Warner), l'interprétation souple du National trouve un juste milieu entre le modernisme trop aiguisé de Hannu Lintu (Ondine), et le postromantisme à l'opulence un rien écrasante cultivé par Guennadi Rojdestvenski (Chandos).

François Laurent




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

240305 - CIN FIL - MEDNUM - « LE PÈRE » - DE SRDAN GOLUBOVIC

240129 - MUS QZD – RITA STROHL - MUSIQUE VOCALE - ELSA DREISIG ET AUTRES SOLISTES

240101 - LIT LEC - LA COMÉDIE HUMAINE - SCÈNES DE CAMPAGNE - LES PAYSANS