240604 - MUS QZD - LIGETI - ŒUVRES DIVERSES - ENSEMBLE CONTEMPORAIN, P. BLEUSE

 





240604 - MUS QZD - LIGETI - ŒUVRES DIVERSES - ENSEMBLE CONTEMPORAIN, P. BLEUSE





GYÖRGY LIGETI

1923-2006

« Ligeti par l'Ensemble intercontemporain »

Jean-Christophe Vervoitte (cor), Hae-Sun Kang, Diego Tosi (violon), John Stulz (alto), Renaud Déjardin (violoncelle), Dimitri Vassilakis, Sébastien Richard (piano), Ensemble Intercontemporain, Pierre Bleuse

Alpha (2CD)

LIGETI – Concerto pour violon

LIGETI - Concerto pour violoncelle

LIGETI – Concerto pour piano

LIGETI - Concerto de chambre

LIGETI – Due Capricci

LIGETI – Cinq pièces pour piano à quatre mains

LIGETI – Sonate pour altto

LIGETI – Trio pour violon, cor et piano




TECHNIQUE : 4,5/5

Enregistré en avril et octobre 2023 par Preben Iwanà à la Philharmonie de Paris. Une grande dynamique, des espaces sonores vastes et profonds permettent aux différentes configurations (orchestre et soliste pour les trois concertos, solo ou trio dans les pages chambristes) de s'épanouir pleinement. Chaque instrument est localisé avec une précision remarquable et des contours qui demeurent nets et bien définis.











L'ÉVÉNEMENT

Atmosphères

Pour son premier disque avec l'ensemble, Pierre Bleuse cultive la fibre ligétienne de l'Intercontem-porain. Un renouvellement dans la continuité, et un aboutissement.





Depuis le Concerto pour piano (1985) qu'ils gravaient sous la direction de Boulez en 1993 (DG), les musiciens de l'Ensemble Intercontemporain ne sont, à quelques exceptions près, plus les mêmes. Mais un idéal intact de clarté et de précision continue à les guider dans cette œuvre. Déjà avec Matthias Pintscher en 2014, ils rendaient très lisibles les strates polyrythmiques des plans (Alpha). Pierre Bleuse ajoute un contraste plus marqué entre la neutralité presque lunaire du Lento e derseto et l'engagement physique des mouvements rapides. Et il ne manque à Dimitri Vassilakis, surfant avec brio sur cette énergie collective, que l'espièglerie d'un Pierre-Laurent Aimard qui apportait un zeste de swing à cette hyper-virtuosité.

Avec son Concerto pour violon (1990-1992), Ligeti envoie promener toutes les conventions attachées au genre. Hae-Sun Kang en assume brillamment la virtuosité qui consiste parfois pour le soliste à se camoufler dans l'orchestre ou à se concentrer sur une ligne précaire dans le suraigu. Elle rayonne aussi dans la nouvelle cadence composée par Philippe Manoury.

Plus encore que le Concerto pour violoncelle (1966), dont le présent enregistrement magnifie le relais et fusions des timbres, le Concerto de chambre pour treize instrumentistes (1969-1970) trouve une interprétation quintessenciée. La façon dont Bleuse corrèle dans son travail justesse et couleurs aboutit, dans les unissons, doublures, mixtures et accords, à une matière sonore parfaitement focalisée. L'homogénéité des lignes polyphoniques est exemplaire, les dynamiques extrêmes très stables et les contrastes saisissants.



Savamment déjanté

Mais il y a aussi chez Ligeti une obsession pour les mécaniques de précision qui mènent parfois à des climax savamment déjantés où les musiciens s'autorisent à sortir de leurs gonds, même s'ils gardent le contrôle. De leur chef, on sent la proximité permanente, bien plus libératrice que contraignante.

Ce copieux programme comporte un volet chambriste. Si les pièces de jeunesse pour piano (1942-1950) – à deux et quatre mains – permettent de comprendre d'où vient musicalement le compositeur, nous leur préférons le Trio pour violon, cor et piano (1982), où les interprètes impressionnent par leur maîtrise des attaques et des dynamiques. Une articulation plus vigoureuse du rythme akask 3+2+3 au piano, qui préfigure celui de l'étude Fanfares, aurait porté plus haut encore cette lecture limpide.

John Stulz propose de la Sonate pour alto (1991-1994) une convaincante alternative aux versions de Tabea Zimmermann (Sony) et Geneviève Strosser (Aeon). Il prend l'instrument à bras-le-corps, exprimant parfaitement l'âpreté de sa corde grave qui fascinait tant Ligeti.

Pierre Rigaudière




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

240305 - CIN FIL - MEDNUM - « LE PÈRE » - DE SRDAN GOLUBOVIC

240129 - MUS QZD – RITA STROHL - MUSIQUE VOCALE - ELSA DREISIG ET AUTRES SOLISTES

240101 - LIT LEC - LA COMÉDIE HUMAINE - SCÈNES DE CAMPAGNE - LES PAYSANS