240603 - MUS DIA IND - SCOTT ROSS - RÉCITAL DE 1987 À MONTREUX (D'ANGLEBERT, RAMEAU, BACH, SOLER & SCARLATTI)

 



240603 - MUS DIA IND - SCOTT ROSS - RÉCITAL DE 1987 À MONTREUX (D'ANGLEBERT, RAMEAU, BACH, SOLER & SCARLATTI)




Quand il a surgi au début des Seventies, son instrument était encore le refuge des nobles dames et des Herr Professor. Il fut donc et d'abord le bad boy des Amériques, le claveciniste à santiags qui entrait par la sortie, prétendait à la radio que Handel supplantait Bach, avouait : « depuis ma plus tendre enfance, je me suis ingénié à faire le contraire de ce qu'on voulait que je fasse ». Toute provocation l'enchantait.

Provocation ? Ses amis préféraient : contradiction. Hippie méticuleux, rêveur géomètre, moine voyou. Mais jonglait-il avec les paradoxes ou cherchait-il une porte dans le mur de sa vie – une vie brève d'orphelin exilé, qui n'eut rien de léger ? Scott Ross parut toujours chercher. Sous la provocation et l'ironie des oxymores, il cherchait le lieu où rien ne distingue géométrie et rêverie. L'académie véritable est buissonnière, le voyou sincère est moine. Pas l'un et l'autre : l'un parce que l'autre. « Il n'y a pas de honte à être un peu putassier devant des centaines de personnes. C'est du spectacle. » Mais « toute ma philosophie est de rechercher la perfection. »

Querelle primordiale dont témoignent ses deux arts : le concert et le studio. En studio, les encyclopédies – intégrale Rameau en 1975, aussitôt les trente Essercizi publiés de Scarlatti, ensuite le premier livre complet de Handel, les Pièces d'Anglebert, l'intégrale Couperin, toutes les sonates de Scarlatti en trente-quatre CD. En public, le contraire. Des programmes fantasques établis comme des menus. Ce 30 août 1987 par exemple, quatre services.

Le menu du jour

Entrées : une Suite en six mouvements de Jean-Henri d'Anglebert, « continuiste » de Lully qui a fait entrer le théâtre dans son clavecin – en l'occurrence les Songes d'Atys. Mets : premier Concert du dernier recueil de Rameau, chant et polyphonie à parts égale sur fond de danse aérienne. Entremets : Toccata en ré de Bach, quasi française dans son harmonie coulante, ses éclairs célestes et ses figures badines. Second mets : cinq sonates du padre Soler annoncées de loin par la tendre Ré mineur, achevées dans une ronde joyeuse en fa mineur, ses trompes, ses guitares, ses fusées goguenardes. Dessert : le Fandango du même, signature de Scott le sorcier. Le Fandango officiel de décembre 1988 sera tout Velasquez ; celui d'août 1987 laisse deviner Goya – finale pareil aux meilleurs Boléro soufflé coupé.

Un café chez Scarlatti avant de partir : l'Adagio e cantabile K 208, celle des cinq cent quarante-cinq sonates à emporter sur l'île déserte, et l'Allegro suivant lui aussi en la majeur puisque, comme les visages de Scott, les sonates vont par deux.

Ivan A. Alexandre








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