240523 - MUS QZD - PÄRT - TE DEUM. BERLINER MESSE... - CHŒUR DE CHAMBRE PHILHARMONIQUE D'ESTONIE, ORCHESTRE DE CHAMBRE DE TALIIN, TONU KALJUSTE

 





240523 - MUS QZD - PÄRT - TE DEUM. BERLINER MESSE... - CHŒUR DE CHAMBRE PHILHARMONIQUE D'ESTONIE, ORCHESTRE DE CHAMBRE DE TALIIN, TONU KALJUSTE






ARVÖ PART

Né en 1935

« Te Deum »

Chœur de chambre philharmonique d'Estonie, Orchestre de chambre de Tallinn, Tonu Kaljuste.

1993, ECM

PÄRT – Te Deum

PÄRT- Silouans Song

PÄRT – Magnificat

P£ART – Berliner Messe





L'île déserte de Benoît Fauchet


En 1984, un florilège instrumental intitulé « Tabula rasa » et publié par ECM révélait à beaucoup la musique épurée d'Arvo Pärt (né en 1935) qui avait quitté son Estonie natale pour s'installer à Berlin. Neuf ans plus tard, le même label munichois lui offrait un pendant choral, « Te Deum ». Le compositeur y adapte aux voix ce « style tintinnabuli » (« les séries d'accords parfaits, dont j'ai fait ma simple petite règle de conduite », expliquait-il dans la notice).

Ce n'est pas le chœur d'homme et de garçons de la cathédrale de Berlin, créateur du Magnificat (1990), mais le Chœur philharmonique d'Estonie qui porte au disque ce cantique a capella gravitant autour de la note do – notre « minimaliste mystique » signe en quelque sorte ce que fut In C pour le pionnier répétitif américain Terry Riley en 1964. D'un sfumato sonore cher à Manfred Eicher (producteur d'ECM) émerge, avec une souplesse les lignes héritées du plain-chant, les voix d'hommes enveloppantes, les mezzos au grain somptueux, les sopranos cultivant la douceur jusque dans un « Et misericordia » baigné d'une lumière franche. Difficile de ne pas y entendre la foi sincère d'un protestant converti à l'orthodoxie ... Cette réussite œcuménique durant moins de six minutes allait entrer au répertoire de nombreux ensembles professionnels mais aussi amateurs, malgré l'exigence (le soutien sur les longues tenues !) de pages moins abordables qu'il n'y paraît au premier abord.

Sous les peintures murales inspirantes de l'église (luthérienne) de Saint-Laurant de Lohja, dans le sud de la Finlande, c'est aussi une Berliner Messe que saisissent les micros en ces jours de janvier 1993. Créée à la cathédrale (catholique) Sainte-Edwige de Berlin, la partition est ici donnée dans une version avec cordes – le chef Tonu Kaljuste vient de fonder l'Orchestre de chambre de Tallinn, qu'il adosse à son chœur. Sortant de l'ordinaire avec ses deux Alleluia et son Veni Sancte Spiritus (séquence réservée à la fête de la Pentecôte), la liturgie romaine trace son chemin de mélancolie sur un plateau enneigé, du Kyrie à l'Agnus. À travers son Te Deum (1985), Pärt cherchait « quelque chose d'évanescent [...], quelque chose que l'on croyait inexistant mais si réel qu'il existe non seulement en nous mais aussi au-delà de notre être. » Il lui a fallu attendre cet enregistrement pour obtenir ce qu'il souhaitant, autour d'un triple chœur qui entretient le mystère en passant du mode mineur au majeur comme si un ciel bas d'hiver s'éclairait subitement. Les pédales, les silences, un piano préparé et des sons préenregistrés de harpe à vent renforcent l'énigme.

La Silouan's Song pour cordes seules n'est le support d'aucun texte. Pourtant elle semble porter dans ses oscillation lentes, poignantes, les pensées et même les mots de ce moine russe du mont Athos. Décidément, tout est spiritualité et tout est verbe chez le Pärt tintinnabulant, signature à la fois archaïsante et hors du temps.




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